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lundi 22 janvier 2018

Un baby blues féroce

Je n'aime pas ce terme de baby blues. Ni même celui de la dépression post-partum. J'ai toujours pensé que j'y avais échappé, que cela n'arrivait qu'aux autres, et que mon expérience en tant que jeune maman n'était difficile que parce que les heures de sommeil étaient comptées. J'ai rarement partagé sur ce blog pour témoigner de passages à vides ou de sujets difficiles, et pourtant aujourd'hui, j'avais envie d'écrire sur un sujet un peu plus tabou, moins glamour, moins exotique et bien loin des palmiers de Miami, et pourtant pour le moins sensible. Tout  a commencé à la fin de la grossesse. J'ai eu l'impression quand Amaury est né d'être brutalement et sauvagement catapultée dans une dimension parallèle, où tout était inconnu, nouveau et effrayant. Ne pas pouvoir s'asseoir pendant trois semaines, une sensation de m'être fait rouler dessus par un rouleau compresseur, ou avoir l'impression d'être une survivante de marathon, voilà pour le ressenti immédiat. Les gestes, les sensations et les habitudes ont été mises à rude épreuve, malgré ce que j'avais pu lire pour m'y préparer. Les toutes premières heures de ma vie de maman n'ont pourtant pas été si difficiles. Un bel accouchement éclair, pas de complications, un bébé né avec un mois d'avance mais en bonne santé, rien n'était sensé être si compliqué ; après tout, des générations de femmes ont accouché et continuent à accoucher tous les jours, bien souvent dans des conditions très difficiles, et elles s'en sortent plutôt bien. Moi j'ai eu l'impression d'essayer de "gérer". L'allaitement était un enfer, surtout les trois premiers mois, et je n'ai pas cumulé plus de deux heures de sommeil d'affilée pendant de longues semaines. Les coliques n'ont pas arrangé le tableau, puisqu'Amaury ne dormait que 4 à 5 heures par 24 heures, souvent par tranches de vingt minutes, et qu'il hurlait le reste du temps. Pourtant, je "gérais", ou en tout cas j'en avais l'impression. Pas le temps d'aller ne serait-ce qu'aux toilettes, des douches-éclairs, pas de temps pour moi. J'ai erré, hagarde et cernée, un certain temps. A cela se sont ajoutées des difficultés post-partum que la pudeur me garde de partager, mais que bon nombres de maman comprendront en filigrane. Et pourtant, je "gérais". Puis notre vie s'est retrouvée changée en un clin d'oeil. De Tours, nous allions revenir en Pennsylvanie, puis émigrer au sud vers la Floride. Le déménagement et le retour aux Etats-Unis a été difficile, et j'étais toujours épuisée. Je voyais autour de moi les autres mamans qui "géraient", donc il fallait aussi "gérer". Amaury ne dormait pas bien, et je suis quand même retournée au travail. Un presque plein temps, avec mon tire-lait sous le bras chaque jour et mes cernes sous les yeux. J'ai y pris initialement beaucoup de plaisir. Pas de scrupules à déposer mon gamin à la crèche le matin, j'avais besoin de cette pause mentale et physique, même si les journées étaient très chargées, et les nuits courtes. Et puis, les mois faisant, le petit Loulou a fini par mieux dormir. Il a commencé la nourriture solide, et l'allaitement s'est terminé à neuf mois. Fini l'esclavage du lait maternel, bonjour les petits pots maison. Ou bien plus souvent les petits pots du commerce, car après tout, une journée n'a que 24 heures. Amaury dormait, mais j'étais toujours épuisée. Angoissée. Au bout du rouleau, sans explications. Plus j'étais fatiguée, moins je dormais. Moins je dormais, plus j'étais angoissée. Plus j'étais angoissée, moins je dormais. Le cercle vicieux s'est installée, petit à petit, insidieusement et sans que j'en prenne conscience. Mon médecin m'a prescrit de la mélatonine, qui m'a aidée petit à petit à redormir un peu mieux. Les mois ont passé, la vie est passée, mon petit Amaury a grandit et il est devenu plus autonome, plus indépendant. Et puis le mois dernier, j'ai revu mon médecin, que je n'avais pas vu depuis un an. Elle m'a aussitôt demandé comment j'allais, et où j'en était de mes angoisses et de ma fatigue de jeune maman. C'est quand elle a prononcé ce fameux gros mot de "dépression post-partum" que j'ai su qu'elle avait tout compris, et que de mon côté j'avais totalement nié l'évidence. Ne pas dormir même quand bébé dort, être irascible et anxieuse à chaque minute n'est pas normal. Le baby blues est un spectre de difficultés, il diffère d'une femme à l'autre, et il ne démarre pas forcément par un flot de larmes à la maternité. Pour moi, ça a été un cercle vicieux plus tardif, insidieux et progressif, dont je suis (j'espère) totalement sortie. Aujourd'hui, finies les journées où j'ai trop hâte de déposer mon fils à la crèche histoire de m'en "débarrasser". La journée, quand je travaille, il me manque terriblement. Fini le tabou sur cette question, car après tout c'est en en parlant que les choses progressent. Les réseaux sociaux renvoient souvent cette image idéale de parentalité, loin de la vie réelle. Alors je veux que ce soit dit ; j'ai bien galéré dans cette vie de jeune maman, et je souhaite que celles qui traversent une situation semblable ne se sachent pas seules. Il y a des tas de femmes qui l'ont vécu, et il n'y a absolument aucune raison d'en avoir honte...

2 commentaires:

  1. Coucou Élise, ça faisait un petit bout de temps que je n'étais pas venu sur ton (magnifique) blog, j'ai lu to article avec attention, je suis un homme et j'admire ton parcours et tout ce que tu as fait, vraiment.

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